Cette quête d’innovation se matérialise dans les centres d’exploitation des transporteurs qui digitalisent la gestion de l’activité à l’aide de logiciels et d’une multitude d’applications Web. On la retrouve également au cœur des camions désormais connectés entre eux ou aux infrastructures et comparables à des ordinateurs roulants. Et même à travers les conducteurs, qui ne sont plus de simples pilotes, mais plutôt des minigestionnaires connectés via leur smartphone à leur entreprise, aux clients expéditeurs ou aux destinataires finaux des marchandises.
L’ère de l’hyperconnectivité
Dotés d’un ordinateur connecté aux principaux organes du véhicule et à une multitude de capteurs, les récents modèles de camions sont capables de traiter des milliers d’informations et de les transférer à distance. Les données GPS assurent par exemple le suivi en continu des parcours. Quant à celles sur la vitesse, la consommation, les régimes moteurs, les coups de freins, elles sont enregistrées afin d’assister le conducteur en temps réel et de faciliter une conduite sûre, performante et économique.
L’état d’usure ou de fonctionnement des systèmes mécaniques est aussi analysé par des algorithmes capables de prédire les risques de panne et d’anticiper l’entretien des camions. On parle de « maintenance prédictive », dont bénéficient depuis quelques années toutes les nouvelles gammes et marques de véhicule.
Avec ces poids lourds hyperconnectés, les entreprises de transport dis posent d’une visibilité en temps réel de leur flotte. Le flux constant de données émis par les camions peut alors être redistribué aux clients expéditeurs, aux partenaires, aux concessionnaires et aux réseaux d’entretien.
Ou encore vers des applications logicielles de plateformes Internet et start-up spécialisées par exemple dans l’analyse du trafic ou la recherche de fret disponible sur les grands axes de flux. Tout l’écosystème du TRM est ainsi interconnecté par le biais des informations émises par les poids lourds lorsqu’ils roulent.
Une pléthore d’applications métier
En l’espace de quelques années, la digitalisation a gagné le TRM jusqu’à atteindre une phase de maturité. Toutes les grandes entreprises sont équipées de multiples applications informatiques de gestion tandis que les TPE-PME y accèdent aujourd’hui plus facilement et à moindres coûts grâce au modèle de consommation à l’usage (software as a service) proposé par les éditeurs et start-up du secteur.
De la réception des commandes de transport à la facturation, en passant par la planification et l’optimisation de tournées, tout est informatisé. La documentation de transport, désormais dématérialisée, transite entre les entreprises, leurs clients et les conducteurs via des applications logicielles. Et les datas opérationnelles qui remontent du conducteur ou du camion sont analysées en continu par des algorithmes qui fournissent aux transporteurs des indicateurs de performance, de rentabilité, de qualité de service ou de leur empreinte carbone.
Face aux pénuries de conducteurs ou même de camions disponibles depuis quelques années, c’est par la digitalisation que les entreprises restent compétitives et arrivent à absorber la croissance des volumes de marchandises sur nos routes.
Exit les conducteurs en 2030 ?
Peut-être pas demain, mais vraisemblablement après-demain, les camions se conduiront tout seuls. Le chemin de l’industrie du poids lourd croise celui des géants du numérique pour donner naissance aux systèmes de conduite autonome sans chauffeur. Les constructeurs intègrent les technologies logicielles développées entre autres par Google, Amazon ou Nvidia pour rendre les camions assez intelligents pour rouler sans intervention humaine.
Qu’on se rassure, les conducteurs continueront d’être présents derrière le volant, pour des questions de sécurité et de responsabilité légale. Mais leur rôle est amené à évoluer vers celui de “contrôleur d’automate”, plus chargé de la gestion et du bon déroulement de la tournée que de la conduite. Depuis cinq ans, de nombreux tests de platooning, ou camions en convois, sont en cours en Europe. Les technologies d’intelligence artificielle, de radars et caméras ou de télécommunication entre camions et infrastructures routières sont déjà opérationnelles.
Ce sont la législation et l’acceptation par tous les usagers de la route de côtoyer des camions sans conducteur qui prendront encore de nombreuses années. Les constructeurs les plus optimistes parlent de 2030 au mieux !